René Caumer

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René Caumer, 2002

René Caumer est né en 1936 et mort le 16 août 2013 à Calvi. Restaurateur et fondateur du Festival de Jazz de Calvi, il a été le relecteur en 1987 du premier roman de Marc-Édouard Nabe, Le Bonheur, ainsi que du premier état de Lucette.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En juin 1986, Marc-Édouard Nabe converse avec Jean-Edern Hallier et René Caumer sur l’antenne de Radio Citadelle Calvi[1]. L’année suivante, René Caumer organise le Festival de Jazz de Calvi, réunissant de prestigieux musiciens pendant plusieurs années. Nabe et son père y seront invités régulièrement. En septembre 1987, Marc-Édouard Nabe retravaille avec René Caumer le manuscrit de son premier roman, Le Bonheur, dont il retarde la publication alors que les épreuves ont déjà été envoyées à des journalistes :

« Dimanche 13 septembre 1987. — [...] Je vais chez lui, un appartement modeste et antibourgeoisement décoré de beaucoup d’images de Modigliani, Renoir, Van Gogh... Dans sa bibliothèque, des livres de poche presque exclusivement, et fatigués, les livres de quelqu’un qui les lit, pas qui les range. Je repère également le Régal, Zigzags et Billie. En short et sandales (il s’est cassé le doigt de pied il y a un mois), René sort le bouquin comme un mage déniche dans son bordel quelque grimoire ésotérique. Nous travaillons sur le premier jeu et sans dictionnaire : il est comme moi, il estime qu’un dictionnaire ne sert à rien. Il met longtemps à s’installer, il retarde le feu vert... Enfin, vers 18 h, on commence. On reprend tout au début. Non, ça ne me gêne pas...
Trente pages jusqu’à 20 h, lentement. Il m’explique ses corrections, je défends mes morceaux, on négocie, on transige. Il me pousse à aller au fond du sens : il a raison. En lui expliquant ce que parfois j’ai eu du mal à écrire, je trouve une autre façon de le dire qu’on s’empresse de noter. Nous travaillons dans une naturelle entente, aucun de nous n’a l'orgueil de la trouvaille ou de la rature : on est au service de l’objet. Il est fait, il faut le parfaire. Parfaire la chose : voilà ce à quoi tant de mes “confrères” veulent se soustraire...[2] 

En 2002, durant la phase de relecture du manuscrit d’Alain Zannini avec Laure Merlin, René Caumer a conseillé à Nabe de passer toutes les scènes à Patmos au présent, et les souvenirs hors Patmos au passé, ce qu’il ne fera pas, Nabe préférant la difficulté de tout écrire au passé, mais de façon à ce qu’on ne puisse jamais douter de quel temps il s’agit[3].

Citations

Caumer sur Nabe

  • « Je te reconnais la qualité d’être un des seuls, en France en tout cas (je ne connais pas bien toute la littérature américaine en ce qui concerne le jazz, sauf Kerouac qui a vu plus le côté sociologique de la chose que le côté musical) à restituer l’atmosphère du jazz et je suis absolument d’accord avec toi sur beaucoup de choses et surtout sur la manière littéraire dont tu abordes les sujets. » (Radio Citadelle Calvi, 17 juin 1986)

Nabe sur Caumer

  • « Vendredi 23 juillet 1987. — [...] Quel drôle de type, ce Caumer : un énorme cœur avec la pointe dirigée sur la tempe de celui qu’il aime. Et jazzfan, en plus ! Il sait mieux que les autres Hallier, Sollers, Bunescu, Albert, Dachy...) ce que je cherche à faire sonner. » (Inch’Allah, 1996, p. 2200)
  • « Lundi 14 septembre 1987. — [...] Caumer est aussi indéconcentrable que moi, je le vois bien : jamais il ne bâcle une ligne, il est d’une conscience impitoyable. Nous avançons, quelquefois difficilement : les chapitres sur Golfe et sur Monaco sont ardus (une heure et demie sur une demi-phrase). On se parle pas. On n’a pas le temps ! Je suis à sa droite, je relis ce qu’il a relu ou bien je rédige d’autres paragraphes nécessaires au nouveau montage. René fume beaucoup, j’adore sa tête fermée de chef apache à l’affût de la faute. Il a une façon très intelligente de m’ouvrir les yeux, reniflant mon caractère intempestif, il joue sur la minimisation simulée. Je ris souvent de mes propres bourdes. Nous commençons sérieusement à nous connaître. C’est aussi une expérience humaine formidable de relire un texte ensemble d’aussi près. » (Inch’Allah, 1996, p. 2264)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Radio Citadelle Calvi, 17 juin 1986, repris dans Marc-Édouard Nabe, « Atomes crochus », Coups d’épée dans l’eau, Éditions du Rocher, 1999, pp. 41-52.
  2. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, p. 2263.
  3. Isidora Pézard, « Alain Zannini, c’est vous ; Entretien avec Isidora Pezard, 21-27 janvier 2003, Paris », L’Affaire Zannini, Éditions du Rocher, 2003, p. 216.