Patrick Besson

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Patrick Besson, 2014

Patrick Besson est un écrivain et journaliste né le 1er juin 1956 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe rencontre Patrick Besson en janvier 1988, avant que tous deux participent en 1989 à L’Idiot international où chacun publie de nombreux textes. Ensemble, ils écrivent en 1989 pour L’Infini des « Titres de gloire », qui sont des listes de faux livres[1]. Besson se fâche un temps avec Nabe après la publication de Kamikaze, où il est vexé par certains passages le concernant mais une réconciliation durable a lieu en 2003, à l’occasion de la publication de Printemps de feu. Besson évoque de temps à autre l’activité de Nabe dans sa chronique hebdomadaire du Point. De son côté, Nabe ne manque jamais une occasion de parler ou de faire parler Besson dans ses livres.

Patrick Besson et Marc-Édouard Nabe, en 2008

Citations

Besson sur Nabe

  • « D’habitude, les journaux sont des carnets de notes emmerdants, toi il y a une montée dramatique, tu avais raison de dire que c’était un super-roman. Et puis quelle santé, quelle cohérence... C’est le journal d’un champion de tennis... Tout est si logique dans ton comportement, si sain. Et quelle générosité... Tu n’es pas un déséquilibré. On en apprend beaucoup sur toi. Ça peut te faire un bien fou. J’ai beaucoup aimé Le Bonheur, mais à certains passages on se dit : “Pourquoi il transpose tant ?” Tu n’as pas besoin de transposer. Le journal donne une forme si brute à ta vie et à ton écriture, c’est ta forme naturelle. Tu es un diariste. Et puis sur Sollers, Boujenah, Guers, tout ce que tu dis est génial. L’épisode de Bauby, mais c’est une dissection du journaliste extraordinaire ! Et Henric, qu’est-ce qu’il prend... Enfin, je vais fortement te soutenir chez Fixot. Si je pouvais, je te donnerais cinquante bâtons, ça les vaut. 150 000 francs par tome c’est jouable. Je vais tout faire pour que ça marche. Ce serait un honneur pour moi d’avoir aidé à ce que ce journal soit publié... » (8 juin 1989, retranscrit dans Kamikaze, 2000, p. 3278)

Après la publication de Kamikaze (2000)

  • « Qu’arrive-t-il à Marc-Édouard Nabe ? Le voici transformé, dans ses récentes apparitions télévisées, en ayatollah d’on ne sait quoi. C’est le prédicateur pour rien, le prophète d’aucune bonne nouvelle. De sa voix pointue de gourou débutant, il menace dans le vide, vitupère en biais, accuse dans le vague, suspecte n’importe qui et dénonce tout le monde. Ne serait-il pas en train de devenir un Daeninckx bis, tenant ses fiches de police privée au net dans son journal intime ? Indic de Dieu, ai-je écrit un jour à son sujet. Et si c’était un indic tout court ? » (Le Figaro Magazine, 8 décembre 2001, à propos de Une lueur d’espoir)

Après la publication de Printemps de feu (2003)

  • « Revenons sur « Printemps de feu ». C'est l'histoire d'un écrivain français qui part à la guerre en Irak avec une danseuse du ventre libanaise. Ils font l'amour sous les bombes, comme tout le monde. Il ne se passe pas grand-chose d'autre. C'est « Le désert des Tartares » version Marc Dorcel. C'est écrit avec une grâce de Mozart, une douceur de loukoum, une gentillesse de lait chaud. Heureusement que je ne suis pas éditeur, car j'aurais misé ma chemise sur ce texte coloré et sensuel, qui se déroule comme un tapis volant des « Mille et une nuits ». Je n'entrerai pas dans les raisons de son boycott par les médias et certains libraires. Il y a une beauté dans l'injustice. Celle-ci ne trône-t-elle pas, sous la forme d'une croix, dans nos églises ? » (Le Point, 12 décembre 2003, à propos de Printemps de feu)
  • « De toute façon, perdre un procès contre Nabe, c'est impossible. Tous les juges le détestent, surtout ceux qui ont fait des études de lettres. Je remarque qu'on étudie les lettres, pas la littérature. » (Le Point, 6 mai 2004)
  • « La tendresse, la finesse et l'élégance de Marc-Edouard sont exhibées dans ses tableaux alors qu'elles sont cachées dans ses livres. » (Le Point, 1er mars 2007, à propos de l’exposition Écrivains et jazzmen).
  • « La peinture de Nabe, après avoir été jouissive et festive, est devenue militante. L'écrivain a pris fait et cause palestinienne. Soixante-quinze pays se réunissent pour reconstruire Gaza. Un absent : celui qui l'a détruit. Rire et pleurer sont les deux plus saines activités pour un penseur politique. Dans les tableaux de Nabe : femmes voilées de chagrin, bébés phosphorescents, immeubles ruinés. C'est un grand moment de charité chrétienne entre les musulmans. » (Le Point, 19 mars 2009, à propos de l’exposition «Les Orients de Nabe »)
  • « L’Enculé est à ce jour la synthèse la plus pertinente et la plus joviale de tout ce qu'on a pu lire, voir et entendre sur l'affaire DSK au cours de l'été dernier. [...] Très vite, il cesse d'être DSK pour devenir Nabe, c'est-à-dire le lecteur, donc tous les hommes, et peut-être toutes les femmes. Violeurs et violés, violées et violeuses. C'est l'être universel qui habite toutes les grandes oeuvres d'art : un coeur face à la mort, un sexe dans le mur. Il y a bien sûr, dans "L’Enculé", un aspect pamphlet obscène contre Louis XVI et Marie-Antoinette, comme il y en eut tant dans les années 80 du XVIIIe siècle, et qui devrait valoir à l'auteur un million de procès. Ou provoquer une révolution ? » (Le Point, 27 octobre 2011, à propos de L’Enculé)
  • « C'était l'un des derniers jours de l'exposition Nabe à la galerie de la place Fortin, en haut du cours Mirabeau. Marc-Edouard s'est installé à Aix l'an dernier, avec sa nouvelle amie, Leïla. Maintenant qu'il ne tient plus son journal intime, je suis obligé d'être indiscret à sa place. » (Le Point, 8 août 2013, à propos de l’exposition à Aix-en-Provence)
  • « Nabe s'est fait de nombreux ennemis sur Internet en soutenant que les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis étaient l'oeuvre d'Al-Qaida et en refusant de nier l'existence des chambres à gaz. Cette explosion permanente de bêtise, de démence et de méchanceté : est-ce le décor de notre vie pour les trente prochains siècles ? » (Le Point, 13 novembre 2014)
  • « Aujourd'hui, quelqu'un qui dit des choses de façon différentes, on le met dans une case... Ça été le cas de Nabe, de Dieudonné... C'est le rôle de l'anticonformiste. C'est le rôle du mouton noir, du bouc émissaire. Après, on dit: “Regardez, on est démocrate...” Sauf qu'on fait passer à la télé, un mec original entouré par vingt mecs qui ne le sont pas. Le mec original a donc l'air tout seul et fou... » (Courrier picard, 18 novembre 2014)
  • « Cette légende de Nabe antisémite forgée par les Juifs qu’il a insultés depuis son entrée dans les lettres sur France 2 en 1985 (« Apostrophes » du 15 février). Les goys qu’il a humiliés à la télé ou dans ses ouvrages ne l’ont pourtant pas traité d’antigoyite. La véritable offense est le talent, le génie étant une espèce de coup bas. L’unique touche d’antisémitisme dans ce récit superbe se trouve aux pages 15, 16 et 17, dans une condamnation sans nuance de la cuisine casher : “Elle exprime le mépris de tous les goûts du monde, aussi divins soient-ils. C’est l’immondice des immondices“ » (refusé par Jérôme Béglé du Point, publié dans L’Infini n° 144, printemps 2019, à propos de Patience 3)

Nabe sur Besson

  • « Vendredi 19 mai 1989. — [...] Nous marchons, Besson et moi, on longe le canal de l’Ourcq... Le Yougoslave prolixe devise sur sa vie, sa femme, son fils, nous montons l’escalier d’un pont... Besson sort ses formules toutes faites (“j’en ai pour chaque moment de la journée”), nous traversons le canal. Paris devient étrangement banlieusard. Nous sommes à la station de métro Stalingrad !!! (Besson a écrit une chanson : “C’est à Stalingrad/Qu’Helmut prit du grade.”) On s’assoit à la terrasse d’un café qui s’appelle La Minute (sic !)... Globe ne sait pas ce qu’il rate comme cliché : Nabe et Besson à La Minute, métro Stalingrad, avec les Versets sataniques sous le bras, en train de parler des Juifs !... Besson me dit que j’ai frappé très fort : “L’antisémitisme, il fallait y penser, c’est génial !” Lui, il dit qu’il est considéré comme propalestinien, ce qui est plus grave. Nous parlons aussi de la joie des génies. D’après Besson, un génie souffre moins qu’un autre. “Drieu, le pied qu’il a pris ! Même Van Gogh, il s’est tranché l’oreille sans souffrir.” Il m’explique ensuite qu’après son roman Dara, il aurait pu devenir l’auteur à succès chouchouté par les lectrices de Elle, il a préféré tenter sa chance au “casino de la postérité”, essayer d’être un grand écrivain : “Il y a ceux qui n’osent pas entrer au casino, ceux qui entrent et qui perdent, et ceux qui jouent et gagnent...” Il parle aussi de Neuhoff (“insaisissable comme du coton”), de Roberts (“tu l’as tué le soir d’Apostrophes”), de Berthet (“il en a pris plein la gueule cette semaine”). Et puis de sa collaboration à L’Humanité, de ses pièces de théâtre, d’Aragon (“c’était avant tout un producteur d’images, comme tous les poètes ; un écrivain, lui, travaille sur le sens, c’est très compliqué...”). Nous regardons un clochard draguer une Arabe sur un banc, et une fille en lunettes noires à la terrasse qui écrit nerveusement... Nous imaginons des pièces de théâtre qu’on pourrait faire. Besson me questionne un peu sur ma vie, sur Hélène, et il conclut : “C’est fabuleux de faire l’amour à une femme qu’on connaît, ce n’est même plus sexuel, c’est faire l’amour avec tout l’univers, les montagnes, les forêts, les océans !...” Besson est un désabusé qui ne croit pas au désespoir. C’est une force. Ça fait quinze ans qu’il écrit et qu’il existe (il veut fêter son “jubilé”). Encore cinq ans de bons et de mauvais livres mélangés dans le cours de son torrent, puis un chef-d’œuvre final et il a gagné... Pour l’instant, il est las comme un tigre qui a trop chassé en Sibérie. Nous reprenons le métro. En principe on se revoit demain au déjeuner pour discuter de la publication éventuelle de mon Journal chez Albin Michel (m’aidera-t-il ?). Je ne lui confierai pas tous mes secrets, mais Besson a l’air de vouloir copiner : “les deux meilleurs écrivains de leur génération”, comme le pensent tous les critiquailleux, unissent leurs forces ! » (Kamikaze, 2000, pp. 3243-3244)
  • « Mon Journal lui était tombé sur l’ego. Ça le faisait boiter pire que la goutte ! Ce n’était plus le Patrick d’il y avait dix ans, car il avait lu ce que j’avais écrit sur le Patrick d’il y a dix ans... » (Alain Zannini, Éditions du Rocher, 2002, p. 760)
  • « Petite halte au café Le Départ. Là, je reçus un texte de Besson : “Tu es Charlie Parker ?” Oui bien sûr, ou plutôt Charlie Mingus ! J’appelai Patrick. Lui était dans le Gâtinais, peut-être plus déchaîné que moi encore en ce jour funèbre de grande hypocrisie.
— D’où sortent ces gens qui d’un coup sont pour Charlie Hebdo ? me dit-il. C’est juste des racistes, c’est tout. C’est quoi cette explosion de racisme mondial ? C’est le retour de la France blanche qui envoie ce message aux Arabes : “Vous nous avez foutus dehors de chez nous en Algérie ! Vous avez tué nos moines, nos journalistes, nos innocents ! Maintenant on n’a plus peur !” Enfin la haine de l’Arabe peut s’exprimer au grand jour...
— Exactement ! l’approuvai-je.
— C’est le grand blottissement de peur contre la haine impuissante de l’Arabe... Cette manif’ est un dépliant touristique pour la France : “Venez dans le pays où on règle leur compte aux Arabes. En 24 heures, on trouve les coupables et on les exécute.” Tu te rends compte qu’ils étaient quand même cent cinquante contre deux Arabes en Picardie ?
— Et à cent contre un Noir à Vincennes...
— À propos de Noir, tu as vu, il va y avoir Ali Bongo le Gabonais au défilé, et puis Viktor Orban le Hongrois, et Netanyahou qui a sept cents enfants morts à Gaza sur la conscience... Moi, j’accepterai de défiler avec un criminel de guerre que s’il est serbe ! » (Patience 2, 2015, pp. 113-114)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Kamikaze, Éditions du Rocher, 2000, pp. 3539-3542.