Marc Dachy

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Marc Dachy

Marc Dachy est un historien de l’art né le 5 novembre 1952 à Anvers (Belgique) et mort le 8 octobre 2015 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En avril 1986, Marc Dachy, directeur de la revue Luna Park adresse une lettre à Marc-Édouard Nabe, transmise par les Éditions du Dilettante, pour entrer en contact avec l’écrivain[1]. La rencontre a lieu deux semaines plus tard :

« Vers dix-sept heures je reviens aux Épinettes. J’ai donné rendez-vous à Marc Dachy, le directeur de la revue des “avant-gardes” Luna Park. Ça m’est revenu ! Ce Dachy, je lui avais envoyé une furibonde lettre d’insultes en 1981, en réponse à son refus sec de me publier des textes dans sa revue ! C’était à l’époque où j’essayais d’en placer partout, découragé par l’indifférence des éditeurs officiels. Dachy m’avait signifié que mes pages ne valaient rien, que mon “attaque contre les vieux” (reprise intégralement dans le Régal) était bien trop française, que je devrais lire les Américains, etc. Sa lettre doit être dans mes archives à Daumesnil, et la mienne dans les siennes... Dachy me dit qu’il est sujet à des pertes chroniques de mémoire, et affirme ne pas se souvenir du tout de cette vieille histoire : il ne lui reste rien de ce courrier. C’est encore plus agréable ainsi : il est donc venu à mes livres sans contrition, et c’est tout sincèrement admiratif qu’il se présente à ma porte.[2] »

Dachy devient rapidement « Dachmarc », comme l’appelait déjà Dominique de Roux, dans le journal intime (il apparaît épisodiquement dans les cent dernières pages de Tohu-Bohu, mais prend une place croissante dans Inch’Allah puis Kamikaze. En 1987, dans le numéro 19 de la revue L’Infini (dirigée par Philippe Sollers) est publié un entretien entre Marc Dachy et Marc-Édouard Nabe, réalisé le 23 mai[3]. En 1993, Marc Dachy apparaît dans le film de Fabienne Issartel, réalisé à l’occasion du cocktail organisé pour la sortie de Tohu-Bohu.

Marc Dachy feuilletant Tohu-Bohu, novembre 1993

Pourtant très complice et partie prenante dans l’entreprise diaristique de Nabe, tout à coup, en 2000, après la publication de Kamikaze, Dachy se fâche définitivement avec l’écrivain. En 2002, dans Alain Zannini, Nabe intègre Dachy, en en faisant un « amisexuel », défini comme étant celui qui « pénètre dans la sexualité de son ami sans être son amant »[4].

En 2013, Marc Dachy revend sur eBay les cartes postales envoyées par Marc-Édouard Nabe à la fin des années 1980, ainsi que des dessins offerts par lui (dont un portrait de Joyce racheté par François Gibault).

Citations

Dachy sur Nabe

  • « Marc-Édouard Nabe : le plus frénétiquement cultivé des jeunes auteurs. Zigzags (Barrault) passe au crible un panthéon qui va de Steve Lacy à Géricault. Chacun mes goûts (Le Dilettante) est le Poteaux d’angle, le Rrose Sélavy extatique et impatient des années quatre-vingt. » (L’Infini n°19, été 1987)

Nabe sur Dachy

  • « Marc était un dadaïste obèse, belge et ridicule, dont Philippe se moquait avec plaisir :
— Ah, je l’aime, celui-là... Toujours à côté de la plaque. Pas Joyce, Stein ! Pas Picasso, Schwitters !
Marc avait un gros problème avec moi : il fallait qu’il devienne l’ami platonique des femmes avec lesquelles je faisais le plus l’amour. Je lui disais : “Tu t’occupes de mes oignons jusqu’à les faire pleurer !” Marc poursuivait Diane dans les libraries de Montparnasse, où elle cherchait mes livres, pour lui dire que je ne l’avais jamais aimée... Il était devenu le principal confident de Laura jusqu’à glisser pour elle dans ma boîte aux lettres les mots très doux (après les avoir lus, bien sûr) qui m’étaient adressés... Il m’avait jadis retenu au dernier moment de prendre comme maîtresse une splendide Libanaise, mais on ne savait pas si c’était pour obtenir les bonnes grâces d’Hélène, ou bien pour m’empêcher de baiser Nada parce qu’il la trouvait trop belle... Non, sa jalousie était dans l’autre sens : c’était pour empêcher la Libanaise de me baiser ! Pour comprendre Marc, il suffisait de le voir une seule fois avec son horrible oiselle mal plumée Macha, qui lui tirait les vers futuristes du dos comme un commensal celui d’un hippopotame. Malgré son embonpoint et ses manières onctueuses, il manquait à Marc le turban pour qu’il ressemblât tout à fait à un de ces eunuques complotant dans les recoins du sérail quand le sultan n’est pas là. Hélas, j’étais toujours là ! Je dus souvent sévir et menacer mon châtré préféré de lui faire greffer une paire de testicules, s’il continuait à tripatouiller mes histoires de cœur. À l’idée cauchemardesque d’être ainsi privé de sa fonction, Marc se mettait à genoux devant la librairie Tschann et me suppliait :
— Non, mon sultan ! Pitié ! Pas les couilles ! Ne me colle pas de couilles entre les jambes ! Je ne saurais qu’en faire !
Alors, magnanime comme je l’étais en ces temps obscurs, je me contentais d’arracher une plume d’autruche de son gros turban et je l’en chatouillais pour qu’il me chante du Kurt Schwitters. » (Alain Zannini, 2002, pp. 441-442)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, p. 1549.
  2. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, p. 1568.
  3. Entretien repris dans Marc-Édouard Nabe, « Une jubilation pas très française », Coups d’épée dans l’eau, 1999, pp. 56-68.
  4. Marc-Édouard Nabe, « L’amisexuel », Alain Zannini, Éditions du Rocher, 2002, p. 444.