José Lezama Lima

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José Lezama Lima

José Lezama Lima est un écrivain cubain né le 19 décembre 1910 et mort le 9 août 1976 à La Havane.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Comme pour John Cowper Powys, Marc-Édouard Nabe a découvert José Lezama Lima en tombant par hasard sur un article de journal, en 1985. Aussitôt, la langue fouillée comme une jungle en ébullition a frappé l’écrivain qui avait déjà publié Au régal des vermines. La pratique et l'influence de Lezama Lima se feront donc plutôt sentir sur le prochain livre que Nabe allait écrire : son premier roman, Le Bonheur. Cette piste rarement explorée, dont pourtant un clin d’œil avait été lancé par l’auteur en faisant d’un cigare de Lezama une pièce de la collection d’un personnage du roman, Noël Teyaf, explosera en direct pendant l’émission de Bernard Pivot où Nabe est invité face à Régis Debray. En effet, en janvier 1988, dans ce second Apostrophes, et venu pour parler du Bonheur, Nabe choisit, plutôt que de polémiquer politiquement contre Régis Debray, de le faire parler, en tant que grand connaisseur de Cuba, du livre phare de Lezama Lima, Paradiso :

Marc-Édouard Nabe : Régis Debray est malheureux parce qu’il s’est aperçu que tout le mensonge de la politique ne valait pas une seule page de vérité littéraire. Et que finalement ce qui compte, c’est la littérature. Quand je pense à Cuba, moi qui vis dans la littérature, je pense toujours à ce livre de José Lezama Lima, Paradiso, qui est un immense roman baroque, somptueux, écrit en 1966. Quand le livre est sorti, Lezama Lima a dit : “Si la révolution est puissante, elle saura assimiler Paradiso.” Vous l’avez rencontré Lezama Lima, là-bas, est-ce que Castro en parlait ?
Régis Debray : Castro n’en parlait pas. Ce n’était pas un auteur maudit. Ce n’était pas un auteur bien vu non plus. Mais pour vous répondre, moi je ne me suis jamais senti un politique dans l’âme. Il se trouve que j’ai eu des activités ou des engagements politiques, que j’en ai encore. Mais je ne suis pas un politique. Je veux dire, je n’ai pas de mandat…
M.-É. N. : Oui, mais vous jouez avec cette image politique et maintenant vous vous apercevez que la littérature, c’est le sommet de l’âme.
R. D. : Je suis d’accord que le salut est de ce côté-là. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut se désintéresser de la politique.[1].

Citations

Nabe sur Lezama Lima

  • « Jeudi 13 juin 1985. — […] Écoutant de loin les ridicules claquettes, je feuillette les quelques journaux et je découpe même un article sur un écrivain cubain que je ne connaissais pas : José Lezama Lima, le « Proust des Caraïbes très baroque » aux phrases lianeuses. Me voilà projeté dans la Havane luxuriante d’une rhétorique nouvelle, au chevet du plus grand batteur du monde. » (Tohu-Bohu, 1993, p. 1087)
  • « Vendredi 2 août 1985. — […] Lezama Lima dont j’ai enfin trouvé Paradiso, sur le cours Mirabeau ! Quel gros gâteau ! Y a du Gadda dedans. Un Gadda des Tropiques. Et quel peintre ! À la Lam dans ses fins de phrase, même façon de tenir la machette pour se frayer un passage dans sa propre jungle verbale. Lezama était un obèse cubain asthmatique fumant le cigare et transpirant, un “éventail” de Mallarmé à portée de la main pour se faire un peu d’air d’autrefois… Ah, ce que j’aime les gros livres, énormes, fouillis de précisions qui serpentent obscurément. Lezama Lima est mon Espagnol comme Gadda est mon Italien, “baroque” comme disent les cons de critiques. En fait, ce sont des artistes de l’écrit : ils voient grand, et ils peignent à coups de mots. Il y a des choses entre les mots et certains écrivain les font parler ces choses… D’où ces métaphores dont je ne me lasse pas. Dans les premières pages de Paradiso, pour parler de quelqu’un qui pisse beaucoup, Lezama Lima écrit : Les anges avaient exhaustivement pressé l’éponge de ses reins. » (Tohu-Bohu, 1993, pp. 1171-1172)
  • « Samedi 3 août 1985. — […] Moi qui suis dans Lezama Lima, au milieu des colonels cubains ruisselants de médailles et de pluie… » (Tohu-Bohu, 1993, p. 1173)
  • « Un cigare bagué d’or de José Lezama Lima » (Le Bonheur, 1988, p. 284)
  • « Mercredi 1er août 1990. - […] Jean-Edern aussi m’appelle : pour me clamer aussi son admiration mais… pour José Lezama Lima dont je lui ai parlé et qu’il dévore maintenant. Il vient de découvrir Paradiso à 54 ans ! » (Kamikaze, 2000, p. 3826)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, « 15. La politique contre le bonheur », Coups d’épée dans l’eau, Éditions du Rocher, 1999, p. 70.