Jean-Michel Basquiat

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Jean-Michel Basquiat

Jean-Michel Basquiat est un peintre américain né le 22 décembre 1960 à Brooklyn et mort le 12 août 1988 à Manhattan.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe s’intéresse à Jean-Michel Basquiat au début des années 1990. En février 1993, Nabe illustre son article sur Malcolm X, « Malcolm X ou les nuances du fanatisme » (publié dans la revue L’Autre Journal), par des reproductions de tableaux de Basquiat.

Nabe MalcolmX Basquiat.png

Artiste de leur génération, Basquiat a été souvent évoqué par Nabe et le peintre François Boisrond. Pour Nabe, Basquiat est le dernier peintre moderne, figuratif et « pictural » de l’histoire de la peinture, s'opposant en son temps à l’art contemporain fondé sur les installations post-duchampiennes. Hériter direct de Picasso, Basquiat est pour Nabe un peintre de la touche, sans parler de sa puissance politique noire américaine, qui les fait le rejoindre dans leur amour commun du jazz. Basquiat, en effet, se retrouve (avec Nabe dans une moindre mesure dans sa propre activité graphique) le seul peintre du jazz qui rend compte dignement de cette musique et de ses musiciens : portraits de Parker, Roach, Gillespie, et même reproductions de macarons de disques vinyles ou de listes de titres de morceaux et de personnels de différents orchestres.

Parker par Basquiat.jpg Basquiat liste.jpg

En 2010, dans une interview pour Rock&Folk menée par Philippe Manœuvre, Nabe évoque Basquiat[1] :

Philippe Manœuvre : Pourquoi voudriez-vous que les rockers sortent de bons albums alors que le monde entier s’est écroulé, cinéma, mode, littérature, arts plastiques... ? On est en plein épate-gogo. Vous refusez de vous laisser enliser là-dedans ?

Marc-Édouard Nabe : Prenons Basquiat, ce n’est pas si vieux, ça date des années 80. Ça commençait déjà à aller mal et pourtant, il y avait encore un Basquiat possible. Et depuis, on a des installateurs qui font n’importe quoi et qui le revendiquent au nom de Duchamp. C’est facile, ils ne peuvent pas être jugés en tant que peintres. Basquiat osait se confronter à toute l’histoire de la peinture, même s’il est hyper moderne, taggueur, graffeur avec ce background vaudou. Dans tout cet univers merdique d’écroulement de l'art, il y a toujours la possibilité qu’un type arrive. Un gamin magique. Basquiat a réussi ce miracle dans la peinture.

Citations

Nabe sur Basquiat

  • « Jean-Michel Basquiat (1960-1988) était mon peintre vivant préféré ; il l’est resté. Le seul peintre noir et le meilleur, peut-être parce qu’il était noir, sûrement parce qu’il était le meilleur peintre. Croisement entre un guerrier Mau-Mau et Artaud le Momo, Basquiat a laissé sur des toiles les traces et les signes effrayants de son passage bref et noir. Sa violence est celle d’un orateur de la peinture. À la fin, les noms, les discographies recopiées, les listes de mots raturées de sa superbe écriture suffisaient à composer des tableaux aussi complexes que ceux des plus grands maîtres. Et quelle négriture d’amour ! C’est même curieux que, parmi ses hommages constants aux “famoux negro athlete” — de Saint Joe Louis Surrounded by Snakes à l’épitaphe de Charlie Parker (CPRKR) —, Jean-Michel Basquiat n’ait pas trouvé de place pour peindre, avec toute la sauvagerie héroïque qui le caractérisait, la figure, les mots, le souffle de Malcolm X. » (« Malcolm X ou les nuances du fanatisme », L’Autre Journal n°2, février 1993)
  • « Le taxi est pourri, blanc et orange comme la plupart ici. Tous les pare-brise sont brisés. Les carrosseries sont si mal peintes qu'on les dirait très bien peintes par Jean-Michel Basquiat. » (Printemps de feu, 2003, p. 67)
  • « Les artistes contemporains produisent des œuvres d’art qu’on ne peut pas juger puisqu’ils se sont positionnés exprès en dehors de tous les critères qui ont prévalu, disons des icônes de Byzance jusqu’aux graffitis de Jean-Michel Basquiat. C’est-à-dire, en gros : le sens de la composition, la grâce du dessin, la puissance de la touche, l’innovation du cadrage, la maîtrise de la lumière, sans oublier une vision originale et unique de l’homme et de la nature, une profondeur métaphysique, un sens flagrant de l’infini, bref l’évidence de la beauté universellement reconnaissable sous toutes ses formes, y compris les plus inattendues à son époque. » (L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, p. 158)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Philippe Manœuvre, « Mes disques à moi », Rock&Folk, mai 2010, pp. 19-20