Jacques Maritain

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Jacques Maritain

Jacques Maritain est un philosophe né le 18 novembre 1882 à Paris et mort le 28 avril 1973 à Toulouse.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe se passionne pour Jacques Maritain à partir de 1989. Le filieul de Léon Bloy, ex-protestant converti au catholicisme, et vivant avec une juive, fait partie des figures mystiques les plus approfondies par Nabe dans les années 1990-2000 avec Bloy, Péguy, Bernanos, Claudel et Massignon :

« Jeudi 23 mars 1989. — [...] Le Carnet de notes de Maritain est une bonne introduction à l’œuvre gigantesque de ce Timbré sacré ! Toute sa vie (93 ans !), cet ex-protestant converti par Bloy et rejeté par Maurras n’a fait finalement que monter sur le Golgotha que représente la Somme de saint Thomas d’Aquin. C’est le plus grand thomiste qui a existé ; sa mission : prouver, après le Bœuf évangélique du XIIIe siècle, que l’existence de Dieu est démontrable logiquement, que la sagesse et la raison sont du côté de la foi la plus “folle”. Vaste délire qui a entraîné Maritain dans une tempête philosophique passionnante. Et pas que lui car, je l’apprends en lisant ce carnet (mi-journal, mi-souvenirs), Maritain vivait à Meudon (sic !) avec sa femme Raïssa et sa belle-sœur Véra, deux Juives russes très moches dont il parsème son Carnet de photos comme si c’était Marilyn Monroe et Jane Russel ! Presque tout le livre (à part un récit sur son voyage à Rome en 1907 pour remettre le manuscrit d’un livre — resté inédit — sur La Salette au pape Benoît XV) est consacré à ces deux bonnes maritaines et aux spéculations gnangnanto-thomistes sur l’amour fou, l’amitié et le mariage que leur fréquentation pendant quarante ans a suscitées chez le vieux “Jacques de Saint Thomas”, ce vieil explorateur de la Foi avec son air chinois, et qui se dit lui-même “sourcier des germinations invisibles”, “mendiant du siècle” et “agent secret du roi des rois”. Ils vivaient toujours ensemble en “troupeau de trois”, lui et ses deux “brebis d’Israël” dont il se dit “débiteur”, à Meudon donc, dans une villa consacrée, recevant sans arrêt les cerveaux les plus “travaillés” par la question : Rouault, Julien Green, Mauriac, Berdiaev, Cocteau, Massignon, Maurice Sachs, Bernanos, etc. Pas Bloy qui était déjà mort. Dans ce Carnet, Maritain raconte ses visites à Montmartre au Belluaire du Sacré-Cœur : hélas, pas de détails sur leurs baptêmes en 1906, à lui et à ses deux Marthe et Marie, à l’église Saint-Jean-des-Abbesses que j’aime tant... Très trouble, ce Maritain (baisait-il les deux sœurs ?) !... Et plus il vante la chasteté et l’intelligence pure, plus il est trouble... Je lis à Hélène comment, pour eux trois, il instaurait le système du “Knout” : à tour de rôle, chacun était le Knout, c’est-à-dire le bourreau des deux autres qui les esclavagisait, sur l’intendance, et le reste. Il se trouve que ça n’avait pas l’air d’être souvent Véra, le Knout, elle faisait plutôt la servante permanente du couple (Jacques le saint rayonnant et Raïssa la vierge toujours malade)... Quelle ambiance ! Avec le saint sacrement dans le salon et des bouts de la Somme de saint Thomas éparpillés à tous les étages, dans toutes les pièces : sur l’être de Dieu sur le guéridon du salon, sur les anges sur la commode de la chambre, sur les vertus sous le lit, sur les béatitudes dans la cuisine, sur le baptême aux W.C...[1] »

Citations

Nabe sur Maritain

  • « Jacques Maritain est le plus grand philosophe du XXe siècle parce qu’il ne l’est pas plus que saint Thomas. Ils ont trouvé plein de choses à mettre dans le trou. Bravo ! De loin on pourrait les prendre pour des Descartes de l’Absolu, comme l’extravagant Docteur Mariavé qui jugeait le thomisme le plus dangereux des matérialismes parce que le plus méconnu. Je reviendrai sur Maritain dans un autre livre. Je suis trop tendu pour l’évoquer tout de suite. En attendant, lisez sa réponse à la lettre de Jean Cocteau. Avec une poignée d’autres, je ne connais pas de texte qui puisse mieux retourner un homme dans le sens de Dieu. Je plains ceux qui n’ont pas découvert par eux-mêmes ce courant souterrain, bouillant, occulté, qui traversa les deux cents ans de République libérale, et par lequel, de Joseph de Maistre (né en 1753) jusqu’à Jacques Maritain (mort en 1973), une électricité mystique passe d’homme en homme, pour ne pas dire de saint en saint. On nous les a bien cachés, ces types-là. En les lisant, en les méditant, en les mastiquant, on comprend pourquoi : ils sont tous diaboliquement chrétiens. Leur messages, tous différents et complémentaires, répondent à toutes les questions que peut se poser un homme qui refuse deux siècles de bien-pensance (d’une révolution à son bicentenaire) pour mieux recevoir la Vérité éternelle transportée cahin-caha comme de la nitroglycérine par les témoins du dernier âge. » (L’Âge du Christ, 1992, p. 18)
  • « Maritain, avec son faux air de Mazarin des anges, ne cesse d’intriguer pour que la raison triomphe. Mais pas n’importe quelle raison ! Une raison mise à feu par la théologie supérieure. Pour lui rien ne semble suffire : la foi, l’amour, la charité, la sagesse, la contemplation même (trop “naturelle”), l’extase (trop faible). Tous ces degrés à gravir pour atteindre quoi ? Atteindre qui ?... » (Kamikaze, 2000, p. 3350)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Kamikaze, Éditions du Rocher 2000, pp. 3156-3157.