Francis Paudras

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Francis Paudras

Francis Paudras est un publicitaire né le 21 janvier 1935 à Chilly-Mazarin et mort le 26 novembre 1997 à Antigny. Il est l’auteur en 1981 de To Bird With Love sur Charlie Parker (co-écrit avec Chan Parker, veuve du saxophoniste) et de La danse des infidèles, sur Bud Powell (1986).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Nabe et Paudras, à Antigny, en 1983

Francis Paudras (que Marc-Édouard Nabe rencontre en 1979) est très présent dans le premier tome du journal intime, Nabe’s Dream. Paudras, spécialiste de jazz, collectionneur de documents, en particulier de photos, était un ami du pianiste Bud Powell, qu’il hébergera et sur lequel il fera un livre, dont Nabe lui suggérera le titre, La danse des infidèles, publié en septembre 1986 (et réédité en avril 2019). Paudras est conseiller pour le scénario d’Autour de minuit, réalisé par Bertrand Tavernier, dont Nabe raconte la genèse et le tournage dans Nabe’s Dream, Tohu-Bohu et Inch’Allah.

C’est une photo de Billie Holiday, prise par Herman Leonard et issue de la collection personnelle de Paudras, qui illustre la couverture de la première édition de L’Âme de Billie Holiday en 1986. Fâché avec Nabe à cause de ce qu’il a lu sur lui dans son journal intime, Paudras ne reverra plus celui qu’il considérait comme son seul ami.

Citations

Paudras sur Nabe

Mon très cher Nabe,
De ton tumultueux talent ou de ce punch animé par ton honnêteté viscérale, je ne sais au juste qui galvanise l’autre. Pour le moins, j’y vois une alchimie particulièrement heureuse, qui fait de toi un être désigné, rare et exceptionnel, pour lequel j’éprouve désormais une profonde et définitive affection. L’urgence et l’impatience qui te guident annoncent la destinée peu commune d’un esprit « venu d’ailleurs », irréversiblement à l’écoute attentive du meilleur et du pire. J’ai étrangement la certitude (et c’est un sentiment que j’ai eu le privilège de percevoir en d’exceptionnelles occasions) que tu es irrémédiablement « condamné » à réaliser une œuvre importante, inévitable et obligatoire.
Tu m’apparais désormais comme un géant, sans âge, adroitement dissimulé à l’intérieur d’une enveloppe à la trompeuse apparence fragile ; carapace (en réalité) coulée en acier blindé. De tous les instants passés avec toi, je garde le même souvenir d’un enthousiasme permanent et communicatif. À leurs infortunes, tu apportes aux autres l’humour consolateur, et tu dissimules adroitement ta générosité en te réjouissant de la joie que tu apportes (à un point tel) qu’on en oublierait à qui cela profite.
La communion d’esprit que j’ai avec toi, cet accord absolu sur tous les sujets qui nous tiennent à cœur ou qui nous préoccupent, me révèlent que tu es désormais mon seul véritable AMI.
Je te laisse à tes obligations et je retourne à mes nécessités.
Aujourd’hui, sans te croiser comme j’en avais pris la confortable habitude (au point que tu commences déjà à me manquer), je vais m’efforcer de supporter ton absence et de travailler.
De cœur et d’esprit, bien à toi vieux frère.
Francis
(Lettre reçue par Marc-Édouard Nabe le 22 août 1984, retranscrite dans Nabe’s Dream, 1991, p. 575)

Nabe sur Paudras

  • « Bud Powell, à lui tout seul, a tué un autre petit Blanc passionné, et que j’ai bien connu. C’était Francis... Celui qui s’est fâché avec moi après mon premier tome de Journal intime. Lui aussi a décidé d’en finir, à la carabine, dans son château de campagne... Ruiné, déconsidéré, acculé, il a visé le cœur : c’est l’organe qu’il avait toujours sur la main. Francis avait tout donné pour le Jazz, même ses Jaguar dans son garage, que les huissiers sont venus lui prendre, une par une. Michel, son serviteur fidèle, l’a trouvé dans un couloir, c’est là qu’il voulait finir, entre deux salles de son musée personnel où il avait collectionné, pendant trente-cinq ans et dans l’indifférence générale, tout ce qui nous intéresse. Francis devait se dire que lorsqu’on a vécu ce qu’il avait vécu, à quoi bon continuer à vivre ce qu’on ne vivra plus ? C’est de plein fouet qu’il avait reçu les vibrations de Bud Powell, être d’une vitalité tragique, qu’il avait recueilli pendant quatre ans, à Clichy, chez lui. On ne vit pas avec, pour, à travers, derrière, dans, sous Bud Powell impunément quand on est un petit-bourgeois français. Son âme slave ne l’a sans doute pas aidé non plus à ne pas se suicider. Francis était aux abois de lui-même. Il se sentait cocu de l’Éternité. J’ai eu très mal quand j’ai appris sa mort. » (Alain Zannini, 2002, p. 487)

Intégration littéraire

Notes et références