Frédéric Taddeï

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Frédéric Taddeï, 2019

Frédéric Taddeï est un journaliste et animateur de télévision et radio français né le 5 janvier 1961 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Sans connaître Nabe personnellement (ils s’étaient croisés une ou deux fois), Frédéric Taddeï, fan de la première heure, publie en 1991 dans Actuel un article sur le premier tome du journal intime de Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream[1] (L’article sera désavoué un mois plus tard par un entrefilet de Michel-Antoine Burnier, un des fondateurs d’Actuel[2]). Chroniqueur dans l’émission Nulle part ailleurs (Canal+) à partir de septembre 1994, Taddeï parle de temps à autre de Marc-Édouard Nabe à l’antenne. En janvier 1995, il annonce la sortie de Lucette au milieu de spectateurs lisant les treize premiers livres de Nabe, et en présence sur le plateau d’Alexandre Jardin, qui nie connaître l’écrivain.

En novembre 1996, dans le cadre de l’émission Le Jean-Edern’s Club, diffusée sur Paris Première, Jean-Edern Hallier organise la délibération en direct et l’attribution de la seconde édition du prix Paris Première. Frédéric Taddeï, membre du jury, bataille pour convaincre les autres jurés de remettre le prix, d’un montant de 100 000 francs, à Marc-Édouard Nabe, pour le troisième tome de son journal intime, Inch’Allah, plutôt qu’à Michel Houellebecq (Le sens du combat). Au dernier tour de scrutin, Jean-Edern Hallier a la responsabilité de départager Nabe (5 voix) et Houellebecq (4 voix) et choisit de s’abstenir (sa voix compte double) sur les conseils de Taddeï, ce qui attribue le prix à Marc-Édouard Nabe. En 1997, Taddeï présente à la télévision le premier numéro de L’Éternité : la double page centrale traitant Gilles Tordjmann d’« EN-CU-LÉ » vaudra une condamnation en justice à la chaîne Canal+. Nabe fera de Frédéric Taddeï un personnage dans Je suis mort : « Roméo Fideli » (1998). À la naissance du fils de Frédéric Taddeï et de Claire Nebout, Diego, en 1999, Taddeï fera de Nabe le parrain de son fils.

En 2000, Taddeï interroge Nabe sur Kamikaze dans le club Le Baron pour Paris Dernière. En 2001, Taddeï interroge à nouveau Nabe, mais sur Une lueur d’espoir et les attentats du 11-Septembre dans son émission Marseille dernière. Puis, en 2002, c’est au sujet d’Alain Zannini ; en 2003, sur La Vérité. En 2004, Taddeï interroge Nabe sur J’enfonce le clou toujours dans son émission Paris Dernière. En 2006, c’est Nabe qui pousse Taddeï à accepter la proposition de la productrice Rachel Kahn d’animer Ce soir (ou jamais !), qu’il présentera jusqu’en juin 2015[3]. Lorsque l’émission était quotidienne, Nabe y a participé une dizaine de fois, sur des sujets différents : Zinédine Zidane, Oscar Wilde, l’exposition Écrivains et jazzmen », le nucléaire iranien, l’Arche de Zoé, « Le Rêve de Bismarck » d’Arthur Rimbaud, Benoît Poelvoorde, Jacques Mesrine, L’Homme qui arrêta d’écrire, Jeff Koons à Versailles, la mort d’Oussama Ben Laden. Taddeï sera également le premier journaliste à interviewer Nabe sur son anti-édition et L’Homme qui arrêta d’écrire dès sa parution en janvier 2010, dans son émission d’Europe 1, Regarde les hommes changer.

Le 12 mars 2013, Frédéric Taddeï s’accroche avec Patrick Cohen dans l’émission C à vous (France 5), où le journaliste politique reproche à l’animateur d’inviter des « cerveaux malades » : Dieudonné, Alain Soral, Tariq Ramadan et Marc-Édouard Nabe. Taddeï se défend en négligeant l’impact désastreux que cette accusation va opérer sur ses quatre invités.

Le 10 janvier 2014, Nabe est invité à part dans une émission consacrée à l’affaire Dieudonné, durant laquelle il s’entretient sept minutes avec Frédéric Taddeï sur Dieudonné, Alain Soral et leur conspirationnisme. L’émission fait scandale et Taddeï est sommé de s’expliquer dans plusieurs émissions dont On n’est pas couché face à Laurent Ruquier, Natacha Polony et Aymeric Caron. Le 16 décembre 2014, Taddeï invite Nabe dans son émission Europe 1 Social Club, pour parler de son exposition Hara-Kiri. Il s’agit de la dernière invitation de Frédéric Taddeï faite à Marc-Édouard Nabe, et plus largement, ces deux émissions seront les dernières de Nabe dans le système médiatique officiel (radio et télévision). On n’a jamais plus vu ni entendu Marc-Édouard Nabe depuis 2014.

En 2015, dans son magazine Patience, Nabe relate une conversation avec Taddeï peu de temps après les attentats à Charlie Hebdo, dans laquelle l’animateur se justifie de ne pas inviter l’écrivain pour évoquer la dérive anti-Arabe de l’hebdomadaire satirique[4]. Un montage photo met en scène Taddeï, devenu minuscule, dans la poche de Patrick Cohen ceint d’une couronne tel un roi qui a tous les pouvoirs, et qui a donc désigné au boycott total les quatre fameux « cerveaux malades ».

Montage publié dans Patience 2, 2015
« Taddeï ne pouvait plus me recevoir à Ce soir ou jamais, ou alors sur des sujets anodins. J’étais interdit d’antenne chez lui sur Daech, Israël, Charlie, etc. Il y avait “la liste de Cohen”, désormais il y aurait “la liste de Taddeï” : une liste de sujets permis ! Le pain d’épices, la Croatie, le Mikado, les pyramides aztèques, le verre soufflé, la culture agricole dans la Chine du Sud, Paul-Jean Toulet, les églises romanes, le triton en harmonie, les capsules de bière...
J’expliquais à Taddeï que Patrick Cohen avait donc gagné... Il pouvait bien se foutre de sa gueule, dire que c’était un con, un mec sectaire, un dépressif, Patrick Cohen avait mis tout seul à l’index quatre personnes et personne ne les invitait plus depuis. Quelle victoire !  
D’après Frédéric, ma parole était devenue inaudible parce que la société s’était radicalisée. Il me dit que ça s’était tendu... “C’est le maccarthysme”, avouant-il en s’en accommodant. Frédéric trouvait normal qu’il n’y ait plus de débat contradictoire. Et il revendiquait l’autocensure pour un seul invité : moi, car j’engageais la responsabilité de l’animateur. Quand les Le Pen étaient reçus, ça ne faisait pas forcément des journalistes des complices, mais quand moi je l’étais par lui, si !
J’excède les limites de tout débat ! Très difficile d’admettre que ses meilleurs soutiens se soumettent au “maccarthysme” qui vous ostracise ! Ils ne peuvent plus assumer qu’à travers mon discours sur les exécutés de Charlie puisse transparaître un “ils l’ont bien cherché”, mais c’est exactement ce qu’ils me disent, eux : “Tu l’as bien cherché.” J’ai voulu être écrivain maudit, boycotté, réduit au silence ? Eh bien, je le suis, pourquoi m’en plaindre ? J’ai voulu la guerre, je l’ai.
Pour Frédéric, j’étais passé de “maudit” à “fou dans son coin”. Quand je lui annonçai que j’allais sortir un deuxième numéro de Patience sur Charlie, il me dit que c’était très bien, que j’allais en vendre mille, et qu’il fallait que je me contente de mes lecteurs sans chercher à faire passer mon message au-delà de mon cercle de fans... Jolie profession de foi d’un médiateur du service public, censé relayer les avis divergents pour le plus grand nombre ! En revanche, il était tout à fait disposé à laisser s’exprimer les mêmes perroquets ne gênant en rien le système dont il partageait la cage !
Ah, je le préférais cynique et relax, stratège amusé, dandy à panache, même avec ses limites... Taddeï était devenu crispé sur des principes, lui qui n’avait jamais eu d’opinion sur rien ! Visiblement, il obéissait à des ordres et par orgueil, feignait d’être personnellement convaincu ! Comme les autres, il était devenu un bon petit soldat de la propagation militaire de la parole unique. Il reconnaissait bien volontiers que moi je n’avais pas changé, mais lui, comme toute l’époque, était obligé de suivre le mouvement.
En gros : “Laisse-nous entre journalistes soumis à la radicalisation islamophobo-droitière de la société française !” Tant pis pour moi ! Mon “message”, je pouvais me le foutre au cul, et personnellement, je pouvais crever.
— Nous, le système, on n’est pas sûrs d’avoir raison, mais on connaît nos ennemis, me dit Taddeï, et on sait qu’ils ont tort.
— Mais qui sont vos ennemis ?
— Daech, les frères Coulibaly, Merah, Ben Laden, tous tes “amis”. Et on ne peut se permettre d’avoir l’air de cautionner celui qui les comprend, qui les justifie, qui semble les approuver...
— Quand je suis venu à ton émission le jour de la mort de Ben Laden pour regretter son exécution et fustiger les Américains, il n’y a pas eu ce problème.
— Oui, mais c’était l’Amérique, et c’était Ben Laden. Aujourd’hui, c’est la France, et c’est Charlie. Même si tu venais juste expliquer que Charlie Hebdo était un journal dégueulassement raciste, ça induirait automatiquement que tu approuves nos ennemis qui ont flingué Cabu et Wolinski.
— Même si je disais que j’aimais beaucoup Wolinski et regrettais qu’il ait suivi la voie de Val et Charb ?
— Même. Même ça. C’est irrecevable parce que c’est toi. Alain Zannini viendrait sur mon plateau pour parler de Charlie, ce serait encore possible parce qu’il n’aurait pas ton passé. Mais toi, Marc-Édouard Nabe, non.
Stupide. Un Alain Zannini chez Taddeï sur Charlie deviendrait en moins de cinq minutes Marc-Édouard Nabe ! Très mauvais argument de prétendre que si un inconnu tenait mon discours, ça passerait. Il y a des milliers d’Arabes inconnus en France qui pensent comme moi, ils ne sont pas invités pour autant. »

En septembre 2016, Nabe retrouve Taddeï dans sa galerie rue Frédéric Sauton et lui explique sa situation d’écrivain viré de son appartement, boycotté par tous, et réfugié là. Il lui égraine ensuite les « ratés » dont Frédéric Taddeï se serait rendu coupable, en refusant de l’inviter pour L’Enculé, pour l’affaire Merah, pour l’État islamique et pour les attentats à Charlie Hebdo. La conversation fut vivement reprochée par les internautes, car filmée à l’insu de Taddeï bien que celui-ci avait parfaitement vu la caméra qui, à sa demande, avait été disposée de telle façon qu’elle enregistrait le son sans l’image (sauf à la toute fin) et qu’il savait bien que ça se retrouverait sur YouTube. Cet Éclat de Nabe est l’un des plus visionnés.

En 2018, dans Nabe’s News, Nabe réagit à l’arrivée de Taddeï sur RT France, version française de la chaîne russe Russia Today, dans une interview titrée « Frédéric Taddeï, Poutinien sur presque tout » (allusion au livre Petits Riens sur presque tout)[5]. Un article, signé « Docteur Marty », revient en détail sur la campagne de promotion pour son émission « Interdit d’interdire »[6]. Dans plusieurs numéros successifs de Nabe’s News, Nabe commente les invités et leurs prestations dans l’émission de Taddeï sur la chaîne comploto-russe, se moquant de leur conscience ou leur inconscience.

Citations

Taddeï sur Nabe

  • « Nabe est le seul écrivain aujourd'hui qui me tue vraiment. Je me damnerais pour avoir écrit dix pages, n'importes lesquelles, d'Au régal des vermines. Je donnerais ma femme, ma décapotable et mon toit en échange de cinq milligrammes de son intelligence gargantuesque. J’en rajoute ? Absolument pas. Je veux seulement vous convaincre de foncer chez votre libraire pour vous empiffrer de son œuvre immense. La moindre giclée de Nabe est une éjaculation céleste. On n'a pas fini de célébrer son swing tumultueux, sa pornographie de cathédrales, son incroyable vision du monde. » (« Nabe, écrivain géant », Actuel n°5, mai 1991)
  • « C’est le roman de sa vie, c’est sa femme, c’est ses parents, c’est des gens pas connus qui par la suite vont devenir connus, pour certains et pas pour tous. Mais ça n’a aucune importance. Vous suivez ça exactement comme on suit Les Feux de l’Amour sur TF1, en voulant savoir les rebondissements. Sauf que là, c’est le génie. C’est Les Feux de l’Amour écrit par un génie. Comment ne pas se plonger dans Nabe ? Après, on peut effectivement lire tous les autres. Je pense que ça, c’est sa grande œuvre, parce que c’est le seul écrivain, à ma connaissance, qui veuille rivaliser avec la vidéo. Nabe filme tout ! » (Jean-Edern’s Club, Paris Première, 30 décembre 1996, à propos d’Inch’Allah)

Nabe sur Taddeï

  • « Ce rital capricornien, vengeur comme un frère, estimait trop nombreux mes « amis » pleutres et hypocrites qui faisaient mon éloge en privé et qui, en public, se gardaient bien de dire ce qu’ils pensaient de moi. Frédéric leur faisait cracher la vérité au grand jour, la nuit, avec sa lampe.
— Avoue que Nabe existe !
— Oui, monsieur Frédéric, il existe, je l’ai même rencontré...
— Très bien. Au suivant !
Chaque fois qu’il a pu, et même quand il ne le pouvait pas, Frédéric a fait ma propagande parce qu’il avait compris que j’étais un symbole. Quand on s’occupait un peu de la censure, on était obligé de s’intéresser aussi à mon nom. Philippe disait déjà : « J’aime bien quand on prononce ces quatre lettres : N.A.B.E. » Seul Frédéric, dans ma génération, a expérimenté de quelle façon ce nom de passe fonctionnait pour se faire des ennemis. C’était le « Sésames, fermez-vous ! » radical. Pourtant, avec une intelligence de stratège chinois, Frédéric était parvenu, et dans des circonstances incroyables, à faire prononcer les fameuses lettres cabalistiques et surtout à les faire prononcer à d’autres ! Sa manœuvre, risquée et réussie, pour me faire obtenir mon seul prix littéraire (élevé) était restée fameuse. Même Jeannot en était resté baba. » (Alain Zannini, chapitre 38 « Putes et popes », p. 607)
  • « Qu’il m’ait offert un nouveau portable ne m’empêchait pas de continuer d’être dur avec Frédéric. Je le trouvais usé, crevé, autiste et prétentieux... J’avais beau le briefer sur ses interviews quotidiennes sur Europe 1, les bonnes questions avaient du mal à entrer dans le crâne de Taddeï tant il y avait du coton dedans, pour ne pas dire du plâtre... Tout ce que je lui disais, c’était pour son bien, même si ça lui faisait mal. Lui qui était Italien se comportait comme un Corse : toute occasion de ne pas en foutre une rame était saisie comme un aviron dans une course de canoës-kayaks ! » (Chapitre C, « Taddeï fait sa chochotte », Les Porcs tome 1, 2017, p. 313)
  • « Taddeï, je le connais bien et l’ai beaucoup aimé et soutenu, mais avec le temps, il est vraiment devenu trop bête. Je l’avais prévenu plusieurs fois. Ça n’enlève rien à notre amitié mais pour moi, il n’y a pas d’amitié qui tienne quand on déconne à ce point. À ce point pour lui ! C’est ça que les gens ne comprennent pas : ce n’est pas parce que je me vengerais de ce qu’il aurait fait contre moi… Il ne m’a jamais rien fait, intentionnellement en tous cas. Au contraire, il s’est démené pour me défendre pendant vingt ans avec une générosité exemplaire… C’est ce qu’il s’est fait contre lui-même qui m’a poussé à ne plus l’admirer et le respecter, et donc à être sévère à son encontre. Quand il a été viré de France 2, beaucoup ont dit que c’était parce qu’il avait été trop libre, trop audacieux. En invitant qui ? Les fameux quatre « cerveaux malades » désignés par Patrick Cohen ! Taddéï aurait été viré à cause de Ramadan, Soral, Dieudonné et moi, alors que c’est faux ! Il n’a pas été viré à cause de ça, sinon il aurait été viré bien avant, ne serait-ce qu’après l’émission que j’ai faite avec lui en janvier 2014... » (« Frédéric Taddeï. Poutinien sur presque tout. Une interview de Marc-Édouard Nabe par Docteur Marty », Nabe’s News n°17, 12 octobre 2018)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Frédéric Taddeï, « Nabe, écrivain géant », Actuel, numéro 5, mai 1991, p. 190.
  2. « Le mois dernier, notre ami Taddeï s’est laissé emporté par un sentiment excessif pour les livres de M.E. Nabe. A Actuel, nous trouvons Le Bonheur de Nabe plutôt mou et rasoir. Son intervention chez Pivot frôlait l’antisémitisme. Prudence. »
  3. Marc-Édouard Nabe, Chapitre C « Taddeï fait sa chochotte », Les Porcs tome 1, anti-édité, 2017, pp. 313-315.
  4. Marc-Édouard Nabe, « 10 janvier », Patience 2 : La vengeance de Choron, anti-édition, 2015, p. 108-110
  5. « Frédéric Taddeï, Poutinien sur presque tout », Nabe’s News n°17, 12 octobre 2018, lire : http://www.nabesnews.com/frederic-taddei-poutinien-sur-presque-tout/
  6. Docteur Marty, « Russia Taddeï », Nabe’s News n°17, 12 octobre 2018, lire : http://www.nabesnews.com/russia-taddei/