Count Basie

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Count Basie, 1943

William Basie, dit Count Basie, est un jazzman né le 21 août 1904 à Red Bank (États-Unis) et mort le 26 avril 1984 à Hollywood (États-Unis).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Porté toute sa jeunesse par la musique du big band de Basie, et après l’avoir vu souvent en concert à Nice, Antibes et Paris, en 1977 Marc-Édouard Nabe rencontre Count Basie et son guitariste, Freddie Green. Le 26 avril 1984, Marc-Édouard Nabe évoque la mort de Count Basie dans son journal intime :

« En nous dirigeant vers la “galerie Bernheim”, Marcel rencontre Lucien Malson qui nous annonce, avec son air de clown blanc décomposé peint par Bernard Buffet, que Count Basie est mort.
C’était donc pour aujourd’hui ! Prostration dans le soleil. Je hurle dans la rue. Malson compatit. Nous sommes happés par le cocktail insipide : deux cents personnes qui palabrent devant les graffitis du petit maître niçois aux yeux cernés. Et Basie couché sur son lit, en Floride, le pancréas grouillant des dernières métastases encore tièdes et ricanantes.
Basie ! Basie ! Basie ! Le der des ders ! Ça y est, cette fois-ci : le jazz est bien mort. Terminé. Au rancard. Qui reste pour prouver ce grand miracle du XXe siècle ? L’indice de grâce ? Qui ? Miles fantomal ? Milt, Rollins, Dexter, Chet, Blakey, certes, mais qui est encore à la tête d’un microscope cohérent, une fresque, qui ?[1] »

Citations

Nabe sur Basie

  • « J’ai écouté beaucoup de musique dans ma vie, j’ai vu beaucoup de musiciens, je peux dire que je n’ai jamais mieux senti mon gland se tendre que sous les transfusions de sang de l’orchestre de Basie. Quand on a fait dans son pantalon de bonheur dès que Lester, comme pour une pâque de 8 mesures, se lève et emporte dans ses Tiepolos l’orchestre tout entier, expulsé de la terre avec toute sa famille, — même Bill Evans ne vous arrache plus rien.
Aucune rythmique n’a pu surpasser la complexité et la densité de celle de Basie. C’est comme un fauteuil dans lequel viennent s’asseoir à tour de rôle les soufflants de la “Fresque” : j’ai toujours pensé à l’art du big band comme à celui de la fresque : ça se perdra pareil, malgré les efforts désespérés. Le monumental n’est pas de cette ère.
Basie a eu une vie extraordinaire. Ça, c’est ma consolation. Aucun déjanté discobole blêmi, aucune new wave friquée, hirsute bicolore ou paon “pro” dur, ne s’est régalé la gueule comme lui. Il a vécu heureux, les notes au bout des doigts, les pieds au frais dans un grand sourire. Huilant délicatement son orchestre, laissant les autres en dresser l’historique, accueillant quelques-unes des plus grandes personnalités de tous les temps, et débarrassant le monde d’une gangue à laquelle personne avant lui n’avait osé s’attaquer de front : le Spleen.
Celui des larves qui désespèrent de trouver midi à quatorze heures, ceux qui tournent autour de l’assiette sans jamais y tomber. Basie a renversé l’ennui et a fait sursauter tous les mélancoliques satisfaits vautrés dans leurs divans ridicules. Il a réveillé tous les morts. Il peut dormir sur ses deux oreilles : son tableau est signé :
Partition Basie Zigzags.jpg
Que le premier qui réussit à mettre ça en place nous écrive. Il a gagné. Et ce sera bien le seul. Parce que nous, on a beaucoup perdu avec Count Basie. » (« Le Testament de Count Basie », Zigzags, 1986, p. 230)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 389.