Aux Rats des pâquerettes

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Couverture d’Aux Rats des pâquerettes, 2019

Aux Rats des pâquerettes est un pamphlet de Marc-Édouard Nabe publié le 25 mars 2019. Il s’agit du premier livre d’écrivain sur le mouvement des Gilets jaunes.

Résumé

Écrit à Lausanne entre février et mars 2019, Aux Rats des pâquerettes s’ouvre sur la description d’une journée type de manifestation agitée des Gilets Jaunes à Paris pour se poursuivre par une analyse de l’échec progressif du mouvement. Les raisons qui ont fait que cette fausse révolution, appuyée sur de vraies revendications, n’a pas abouti est imputée par Nabe à l’influence d’Internet et au manque de charisme des « têtes » de son organisation. Dans une raillerie cruelle, mais aussi compassionnelle, Nabe décortique les grands moments des samedis de violence urbaine, dénonçant les armes des policiers aussi bien que le pacifisme des manifestants. Il évoque également le modèle suisse, en lui trouvant des défauts, que des chefs de file des Gilets Jaunes comme Étienne Chouard prenaient en exemple. La comparaison avec la Révolution française ne tient pas non plus selon Nabe. Au milieu d’une multitude de noms cités, l’écrivain invoque aussi Céline et Ramuz qui à leur époque ont su voir lucidement les limites de la révolte inefficace contre un pouvoir répressif et la médiocrité des aspirations populaires. Enfin, Nabe fait surgir la figure oubliée du révolutionnaire russe radical Netchaïev, en republiant des extraits de ses commandements glaçants. Pour conclure, Nabe met le doigt sur la tendance complotiste de la plupart des Gilets Jaunes, il analyse leur absence de pensée et d’énergie due à leurs spéculations mensongères sur la réalité des faits, ce qui les pousse à se jeter dans une fausse vérité construite par Internet et les réseaux sociaux.

Prenant le risque d’interrompre son pamphlet au moment où les Gilets Jaunes pensaient triompher du macronisme, Nabe, persuadé — et le non-avenir du mouvement lui a donné raison — qu’ils étaient en train de perdre la partie, décida de boucler son livre et de le publier dès le 25 mars 2019.

Extrait

Ça partait bien tout ça, putain !... Et puis, pschitt... Les Gilets se sont dégonflés. De semaine en semaine (déjà, c’est quoi cette soumission à ne manifester qu’hebdomadairement et à endroit fixe et déclaré ?), « le mouvement s’est essoufflé » comme disent, en s’en réjouissant, ces ordures de médias. Les révoltés du samedi ne pouvaient pas aller bien loin dans la « révolution ». C’est plutôt une révolte d’employés : manifs dans des lieux et à des heures autorisés par la préfecture, toujours le même jour, le samedi, parce qu’ils ne travaillent pas, et avec dispersion à 19 heures pour aller manger... Le dimanche, on panse ses plaies et le lundi, on reprend son boulot d’esclaves... Non, la Révolution, c’est pas ça, les mecs ! Gilets jaunes, encore un effort pour être révolutionnaires !
Qu’est-ce qui s’est passé ? Il s’est passé qu’on leur a tellement dit d’arrêter la casse, de choisir la démocratie contre la violence et autres fadaises, qu’ils ont débandé ! Pas de violence ? D’accord, mais il faut être capable de l’assumer, la résistance passive à la Gandhi... Les Indiens du Mahatma se sont pris des coups de bâton jusqu’à la mort sans bouger pendant des années en sit-in, par terre, endurant, pour qu’elle porte ses fruits, la non-violence... Gandhi arriva à culpabiliser le Pouvoir de le frapper, et donc à l’arrêter. Ici, le Pouvoir et ses valets médiatiques culpabilisent les Gilets de se battre contre les flics (intouchables depuis le Bataclan) et de salir les Champs-Élysées (déjà si dégueulasses par ailleurs depuis dix ans, au moins !)
Chaque samedi, ça aurait dû monter en puissance. Au contraire, semaine après semaine, les Gilets jaunes se montrent de plus en plus beaufs, de plus en plus beuglards : ce sont les mêmes fans qui pleuraient comme des cons à l’enterrement de Johnny Halliday. Les « Gilets Johnny », je les appelle. Et ça se permet de cracher sur les casseurs, bananes rockeuses ! Tiens, d’ailleurs, jaune, les bananes aussi le sont. C’est la couleur de tant de symboles craignos : l’étoile pour les Juifs, le teint des malades du foie, la livrée des larbins... Et le jaune, on le sait, c’est surtout la couleur des cocus, des félons, des Ganelon, des briseurs de grèves, des forçats pour les repérer, et des faux-monnayeurs qu’on balançait aux bûchers !... Sans oublier le jaune Ricard, pour l’affreux pastis de l’avenue des Champs-Élysées... Il ne manquait que le jaune de l’horrible gilet fluo de signalisation en plastoc pour indique sa présence sur l’autoroute en cas de panne, et qu’on oblige chaque petit Blanc à sortir de sa bagnole, par prévention routière (vieille campagne de pub : feu Karl Lagerfeld) pour pas qu’il se fasse écraser... C’est exactement ce qui lui est arrivé !... Comment ne pas avoir en horreur tout uniforme ?
De jaunes, les Gilets ont tourné vert-foireux. Désormais, ce sont les Gilets caca d’oie ! Lorsque les CRS ont chargé les Gilets qui ont reculé sous l’Arc de Triomphe, blanchâtre impassible morceau de sucre géant tapissé de noms de batailles napoléoniennes — Raguse, Krasnoï, Volontina, Polotsk, Wurschen —, les insurgés républicains et patriotes se sont mis en cape des drapeaux tricolores, et qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont chanté La Marseillaise devant le Soldat inconnu ! Voilà. L’Arc retriomphe ! Il fallait pisser sur la flamme, bande de cons jaunes ! L’éteindre à jamais, la bougie du nobody poilu ! Le respect de la République et de la guerre « gagnée » ? Mais c’est de là que sont venus tous vos malheurs, pauvres niqués. L’hymne national n’a plus rien de révolutionnaire depuis que Rouget a mis le point d’orgue sur sa partoche, le 26 avril 1791 !... Dès qu’un abruti le lendemain a bombé le torse pour l’entonner, La Marseillaise était un air de mort !

[...]

Accueil critique

Blogs et sites Internet

Le premier article sur Aux Rats des pâquerettes, intitulé « Au régal des rats », a été publié sur le blog logosoral.blogspot.com, signé par « Rahsaan » et « Fougnac »[1] : « Les meilleures pages sont peut-être celles, savoureuses de méchanceté tout à fait justes, sur quelques personnalités comme Etienne Chouard. Car Chouard, outre qu'il soutient les GJ [Gilets Jaunes], est aussi un sympathisant des thèses de Soral ».

En avril 2019, sur le site de Politique magazine, Olivier de Lérins est partagé : après deux paragraphes décrivant le fond de l’ouvrage, que l’auteur qualifie de « constat dur, percutant, qui vise juste », il regrette que « Nabe demeure tristement égal à lui-même : un petit excité narcissique et fielleux, dont les jeux de mots lourdingues n’atténuent pas même d’un sourire l’ennui d’une si extravagante et si pitoyable outrance.[2] »

Le 4 mai, Juan Asensio publie une longue critique de l’ouvrage sur son site[3]. S’il rejette ce qu’il appelle des « facilités » (attaques physiques, insultes) et des « tics de langage » (faire croire qu’il cherche son titre), Asensio en fait une critique positive, augmentée de nombreuses citations.

Presse papier

Aux Rats des pâquerettes n’a fait l’objet d’aucune recension dans la presse française. Dans son édition du 2 juin 2019, l’hebdomadaire suisse Le Matin dimanche publie une recension du pamphlet, sous la plume de Michel Audétat[4]. Le journaliste, qui avait interviewé Nabe en octobre après son installation à Lausanne, reconnaît à l’écrivain du talent, tout en étant en désaccord sur le fond : « Il y a quoi surprendre le Suisse qui trait sa vache et lit paisiblement. Que peut-il approuver dans tout ça ? Pour ma part, pas grand-chose. [...] Mais il y a une chose qu’il est difficile de contester à Marc-Édouard Nabe : son talent d’écrivain, la vigueur [de] son style. »

Adaptation

Le texte a été mis en scène par Paco Balabanov, au Théâtre La Croisée des chemins à Paris, entre septembre et octobre 2019, reprise entre janvier et février 2020 au théâtre Pixel, il s’agit de la première adaptation au théâtre d’un texte de Nabe.[5]

Affiche du spectacle de Paco Balabanov

Index des noms cités dans le pamphlet

Abittan, Ary, 32
Adams, Kev, 32
Angot, Christine, 70
Aoun, Kader, 33
Aphatie, Jean-Michel, 63, 69, 70, 76
Ardisson, Thierry, 26
Arendt, Hannah, 30
Aron, Raymond, 30
Assad, Bachar el-, 57
Asselineau, François, 59, 77
Baader, Andreas, 88
Baddou, Ali, 63
Baffie, Laurent, 32
Bakounine, Mikhaïl, 86, 87, 88
Balasko, Josiane, 32
Balavoine, Daniel, 32
Bedons, Nicolas, 32
Bégaudeau, François, 58, 60, 87
Ben Laden, Oussama, 88
Benalla, Alexandre, 71, 76
Benbassa, Esther, 18
Benedetti, Yvan, 28
Berléand, François, 33
Bernanos, Georges, 38
Besancenot, Olivier, 70
Besson, Philippe, 63
Bigard, Jean-Marie, 32
Binoche, Juliette, 32
Blet, Stéphane, 77
Boon, Dany, 32
Bosch, Jérôme, 18
Boulo, François, 77
Bourbon, Jérôme, 28
Brancusi, Constantin, 16
Brel, Jacques, 74
Breugel, Pieter, 18
Bricmont, Jean, 59
Brod, Max, 53
Bruckner, Pascal, 39
Brügger, Karl, 22
Camus, Albert, 58, 87
Camus, Renaud, 30
Castaner, Christophe, 8, 34, 61
Céline, Louis-Ferdinand, 38, 48, 49, 50, 52, 53, 72, 73
Chekatt, Chérif, 62
Cheminade, Jacques, 59
Chevaliers du Fiel, les, 32
Chikirou, Sophia, 63
Choron (voir Professeur Choron)
Chouard, Étienne, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 69, 77
Coignard, Sophie, 77
Cohen, Patrick, 58, 70
Cohn-Bendit, Daniel, 39
Collon, Michel, 59
Coluche, 32
Condorcet, Nicolas de, 56
Crespo-Mara, Audrey, 70
Danton, Georges, 36
Dati, Rachida, 80
Debbouze, Jamel, 32
Demaison, François-Xavier, 32
Demorand, Nicolas, 69, 70
Desmoulin, Camille, 36
Dettinger, Christophe, 71, 72
Dewalle, Laëtitia, 77
Dieudonné (voir M’Bala M’Bala, Dieudonné)
Dombasle, Arielle, 70
Dosto Ier (voir Dostoïevski, Fiodor)
Dostoïevski, Fiodor, 86, 87
Drieu La Rochelle, Pierre, 38
Drouet, Éric, 17, 18, 23, 34, 42, 61, 71, 77
Dubosc, Franck, 80
Dufresne, David, 74, 87
Dupont-Aignan, Nicolas, 61, 70
Eisenstein, Sergueï, 77
Enthoven, Raphaël, 29, 58
Ernesto, 77
Ferrari, Jérémy, 32
Finkie-Christ (voir Finkielkraut, Alain)
Finkielkraut, Alain, 29, 30, 65, 66, 84
Fiorile, Éric, 77
Franck Sinistra (voir Dubosc, Franck)
Gandhi, Mohandas Karamchand, 10
Gaulle, Charles de, 15
Glucksmann, Raphaël, 29
Gotlib, Marcel, 70
Goupil, Romain, 39, 80
Guichard, Daniel, 59
Guillon, Stéphane, 32
Guitry, Sacha, 13
Halliday, Johnny, 11, 79
Hallier, Jean-Edern, 84
Hamon, Benoît, 52
Hanouna, Cyril, 27, 70, 79, 80
Hébert, Jacques-René, 36
Heidegger, Martin, 13
Hidalgo, Anne, 13
Hollande, François, 45
Houellebecq, Michel, 72
« Isadora Duncan » (voir Rylewski, Marc)
Jolivet, Marc, 32
Joyce, James, 17
Kaddour, Leïla, 27
Kafka, Franz, 53, 54, 72
Kelly, Christine, 79
Kropotkine, Pierre, 46
Lagarfeld, Karl, 11
Lalanne, Francis, 84
Lancelin, Aude, 63, 65, 74, 87
Lanot, Clément, 17
Lapierre, Vincent, 59
Laporte, Bernard, 80
Launey, Bernard-René Jourdan de, 35
Le Pen, Marine, 29
Leeb, Michel, 15
Lelouch, Claude, 84
Lemoine, Anne-Élisabeth, 70
Lennon, John, 76
Lenoir, Frédéric, 80
Lévy, Bernard-Henri, 29, 39
Levavasseur, Ingrid, 83
Libeskind, David, 73, 74
Lordon, Frédéric, 63, 65
Ludosky, Priscilla, 40, 77
M’Bala M’Bala, Dieudonné, 20, 32, 33, 68, 77
Macron, Brigitte, 37
Macron, Emmanuel, 7, 9, 16, 27, 39, 40, 46, 62, 66, 71, 72, 87
Madame Ardisson (voir Crespo-Mara, Audrey)
Mahjoubi, Mounir, 63
Maillaud, Stan, 77
Manoukian, André, 70
Marat, Jean-Paul 30, 36
Marie-Antoinette, 36
Marx, Karl, 49, 50, 86
Mathieu, Bernard, 55, 56
Mélenchon, Jean-Luc, 15, 29, 56
Ménard, Robert, 59
Merah, Mohammed, 24, 25, 60
Meyssan, Thierry, 59
Meyronnis, François, 63
Mezrahi, Raphaël, 29
Michéa, Jean-Claude, 61
Michelet, Jules, 34
Miller, Gérard, 29
Misrachi, Thomas, 27
Mirabeau, Honoré-Gabriel Riqueti de, 74
Moïse, 18
Moix, Yann, 63
Morillot, Éric, 58, 60
Napoléon, 71
Naulleau, Éric, 27, 79
Netchaïev, Serge, 26, 87, 88, 89
Nicolle, Maxime, 61, 62, 63, 64, 72, 77, 83
Nietzsche, Friedrich, 17, 20
Obalk, Hector, 57
Onfray, Michel, 34, 60
Pajak, Frédéric, 63
Papy Soral (voir Soral, Alain)
Péguy, Charles, 35
Pelloux, Patrick, 80
Petitdemange, Serge, 77
Pierrat, Emmanuel, 57
Plenel, Edwy, 69
Poutine, Vladimir, 57, 71
Praud, Pascal, 69, 70
Professeur Choron, 46, 47
Pujadas, David, 84
Quintet, Edgar, 37
Ramous, 33, 34, 51, 77
Ramuz, Charles-Ferdinand, 49, 50, 51, 53, 72
Rembrandt, 17
Renaud (voir Séchan, Renaud)
Richelieu, 35
Rimbaud, Arthur, 40
Rizet, Dominique, 27, 28
Robespierre, 30, 35, 36
Rodin, Auguste, 16
Rodrigues, Jérôme, 15, 16, 17, 18, 23, 30, 33, 34, 42, 61, 72, 74
Rolland, Romain, 35
Rouget de Lisle, Claude Joseph, 11,
Roy, Stéphanie, 17
Ruquier, Laurent, 53, 58, 70
Rylewski, Marc, 69, 70, 80, 84
Ryssen, Hervé, 28
Sade, Donatien Alphonse François de, 36
Saint-Just, Louis Antoine de, 36
Salamé, Léa, 70, 80, 83
Sartre, Jean-Paul, 58, 87
Schiappa, Marlène, 79, 80
Schneidermann, Daniel, 74
Sébastien (plombier d’Argenteuil), 91, 92
Séchan, Renaud, 32
Séverac, Claire, 77
Sigaut, Marion, 77
Soral, Alain, 20, 28, 59, 62, 77
Soros, George, 28
Sotto, Thomas, 80, 83
Strauss-Kahn, Dominique, 60
Taddeï, Frédéric, 55, 57, 58, 60, 71
Tapie, Bernard, 84, 86
Thiellement, Pacôme, 57
Tisot, Henri, 15
Todd, Emmanuel, 61
Tran Nguyen, Émilie, 63
Val, Philippe, 80
Van Gogh, Vincent, 61
VDB, Thomas, 33
Villeret, Jacques, 28
Villiers, Pierre de, 39
Yanne, Jean, 75
Youn, Michael 79
Zagdanski, Stéphane, 63
Zemmour, Éric, 70
Zéribi, Karim, 79

Édition

Aux Rats des pâquerettes a été tiré à 1 000 exemplaires.

  • Marc-Édouard Nabe, Aux Rats des pâquerettes, anti-édition, mars 2019, 100 p.

Lien externe

Notes et références

  1. « Rahsaan », « Fougnac », « Au régal des rats », logosoral.blogspot.com, 28 mars 2019.
  2. Olivier de Lérins, « Nabe ne trouve pas les Gilets jaunes assez explosifs », politiquemagazine.com, avril 2019, lire : https://www.politiquemagazine.fr/culture/livres/nabe-ne-trouve-pas-les-gilets-jaunes-assez-explosifs/
  3. Juan Asensio, « Aux rats des pâquerettes : quand Netchaïev voit rouge, Marc-Édouard Nabe rit jaune », juanasensio.com, 4 mai 2019, lire : http://www.juanasensio.com/archive/2019/05/01/aux-rats-des-paquerettes-de-marc-edouard-nabe.html
  4. Michel Audétat, « Nabe et Ramuz contre les “gilets jaunes”, Le Matin dimanche, supplément Cultura, 2 juin 2019, p. 17
  5. Lire : https://www.theatrelacroiseedeschemins.com/aux-rats-des-paquerettes