Arthur Rimbaud

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Rimbaud au Harar

Arthur Rimbaud est un poète né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Déjà grand lecteur de Rimbaud depuis son enfance, Marc-Édouard Nabe est appelé en 1979, pour son service militaire, au 3ème Régiment du Génie de Charleville-Mézières. Le hasard du lieu rimbaldien impliquera Nabe jusque dans sa vie familiale, puisque c’est dans cette ville, à l’issue de son service, qu’il rencontrera le 22 juin 1980, Hélène (voir récit dans Au régal des vermines), dont toute la famille est ardennaise. Une fois rendu à la vie civile, Nabe continuera d’enrichir sa passion de Rimbaud, notamment avec Philippe Sollers, puis le biographe Jean-Jacques Lefrère. Parmi les nombreux textes écrits sur Rimbaud par Nabe, on peut noter l’analyse d’un vers du poète dans Zigzags (1986) et une scène du Bonheur (1988), où Nabe met en scène les deux Rimbaud, c’est-à-dire le jeune poète et le marchand d’armes amputé, que le héros du roman rencontre ensemble sur la Canebière[1].

Rimbaud est présent dans Alain Zannini (2002) dès l’exergue du roman et particulièrement dans le chapitre 18 intitulé « Somptuosité du néant ou Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord »[2] (titre tiré de la dernière phrase écrite par Rimbaud avant sa mort).

Le 20 mai 2008, Marc-Édouard Nabe est invité, avec Jean-Jacques Lefrère, par Frédéric Taddeï dans l’émission Ce soir (ou jamais !) à l’occasion de la découverte d’un inédit d’Arthur Rimbaud, « Le Rêve de Bismarck ». À cette occasion, Nabe fait la première lecture publique du texte, ce qui relance l’intérêt de la presse française. En 2017, dans le premier tome des Porcs, Nabe revient sur cette lecture, mais aussi sur l’affaire du faux « faux Rimbaud » déclenchée dès la découverte du Rêve de Bismarck par Raphaël Zacharie de Izarra.

Arthur Rimbaud, à tous les âges, est également une des inspirations des portraits de Nabe (avec ou sans Paul Verlaine).

Citations

  • « Ça date de 1871. On aimerait oublier l’âge que le monstre avait à ce moment-là, mais Rimbaud c’est toujours une histoire d’âge, une course poursuite avec la croissance, la toise infinie de tous les bébés. Ce tardif précoce n’est qu’un mystère. De 8 à 16 ans, il absorbe tout, par la seule éponge chimique de sa puberté. Rimbaud est une affaire de puberté : c’est la chenille du premier ovule chu. Une usine hormonale du gigantisme. Rimbaud a grandi comme Gargantua, glouton prosodique : il a vécu comme Gulliver à Lilliput jusqu’au mutisme. En cassant sa plume, il est arrivé à Brobdingnag, cet Harrar : plus petit que le plus commun des hommes.
Je ne le vois pas grand, bien qu’il le fût (paraît-il), et sa débauche est plus floue que celle des modiglianis. Je le vois beaucoup plus rêveur que corrupteur. Je ne le vois pas reposé ni enfant. Il marque dans tous les sens. C’est l’anti-naïf, l’anti-innocent, je le vois sans faiblesses, plus encore que Nietzsche qui se convainc lui-même : Rimbaud est déjà convaincu et ne cherche pas à convaincre. C’est l’être le plus fort que je n’ai jamais connu. Le petit exercice est difficile : développer la vision que l’on a d’une idole célèbre, sans tenir compte de ses références. Cette subjectivité outrancière est hors de portée. » (« Soupir d’harmonica qui pourrait délirer », Zigzags, 1986, p. 213)
  • « Un homme pâle, tremblant dans un costume de coton blanc, décapsula ses yeux enfoncés en direction de Bocumar. Une béquille lui sciait l’aisselle comme un sourire alors que son autre bras enlaçait un grand garçon rougeaud aux yeux de myosotis renfrogné.
— Pardon, monsieur, le meilleur moyen pour gagner la Joliette ?
— Ah ! Désolé, je ne suis pas d’ici. Ou plutôt je n’y suis plus..., s’excusa Andréa.
— Pas de chance ! Je suis négociant en Afrique, de passage à Marseille. Je dois repartir au plus vite, mon opération m’a retardé...
— Que vous est-il arrivé ?
— Oh ! Une vieille histoire, soupira l’infirme aux cheveux gris très courts, les chirurgiens ont jugé bon de m’amputer la guibolle malade ! Ah ! Monsieur ! Faites-vous charcuter, déchirer, mettre en pièces ; mais ne souffrez pas qu’on vous ampute. Si la mort vient, ce sera toujours mieux que la vie avec des membres en moins. Il vaut mieux partir les semelles devant que de moisir assis. Aussi stupide que soit son existence, l’homme s’y attache toujours.
— Ne dites pas ça...
— Mais c’est la vérité... Je ne me crois pas en enfer, j’y suis !
Le mal-grandi au nez en trompette coudée lança un regard cruel qui alla s’écraser dans les petites moustaches de l’unijambiste.
— Le plus ç’a été de perdre mon pied ! continua l’homme. Moi, le marcheur des marcheurs, et désormais à peine capable de mettre mon soulier à mon unique jambe... Ah ! Monsieur, vous ne connaissez pas votre honneur d’avoir vos pieds.
— J’imagine...
— Voyez où j’en suis réduit... Ah ! Heureusement que j’ai mon petit frère, il me soutient bien. C’est un autre moi-même.
Andréa regardait le jeune homme hirsute à l’air absent.
— Il ne parle pas beaucoup dites donc...
— Non, c’est vrai... “Le Silencieux” on l’appelle même dans la famille. Ça fait des années qu’il ne dit plus rien. Pas vrai, Arthur ?
La pubère bourrait sa pipe avec ses grosses mains écarlates.
— Allez, on va tâcher de trouver un taxi... Adieu, monsieur et comme on dit chez moi, Allah Kérim !
Andréa laissa s’éloigner le couple fragile. » (Le Bonheur, 1988, pp. 96-97)
  • « Quand Bismarck est là, qu’il fonce comme un aigle sur la France et qu’un jeune homme de 16 ans, très roué à l’art littéraire, écrit un texte contre lui, et le raillant, le mettant en scène, c’est quand même autre chose qu’aujourd’hui s’il y avait quelqu’un qui se moquait de Sarkozy, c’est quand même d’une autre envergure. Il y a une très forte connotation comme ça d’enfant du nord-est qui, non pas qui défend sa patrie, mais qui se défend contre l’envahisseur prussien. » (Ce soir (ou jamais !), France 3, 20 mai 2008)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits d’Arthur Rimbaud sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Le Bonheur, Denoël, 1988, pp. 96-97.
  2. Marc-Édouard Nabe, Alain Zannini, Éditions du Rocher, 2002, pp. 171-181.