Bud Powell

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Bud Powell

Bud Powell est un pianiste et compositeur de jazz américain né le 27 septembre 1924 à New York (États-Unis) et mort le 31 juillet 1966 à New York (États-Unis).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Bud Powell était le pianiste de Charlie Parker lors du dernier concert de ce dernier donné au Birdland en mars 1955, et où Marcel Zannini a pris des photos. Dans le premier tome de son journal intime, Nabe’s Dream, Marc-Édouard Nabe raconte ses discussions avec Francis Paudras, spécialiste de jazz et collectionneur de documents, et surtout hébergeur de Bud Powell à Paris dans les années 1960. Présent dans sa littérature, Powell a également été représenté par Nabe dans sa peinture, réalisant deux séries de portraits : en 2007 (exposés à la galerie Vies d’artistes, entre février et mars), puis en 2009 (exposés en 2013 à Aix-en-Provence).

Citations

Nabe sur Powell

  • « Même en l’accusant de partialité, on est forcé de croire Francis. Quand il affirme que Bud Powell a donné des concerts classiques à l’âge de quinze ans, ce serait dommage, pour le plaisir, d’en douter. J’ai d’ailleurs vu une splendide photo de cette époque où le monstre porte avec une élégance royale sa mélancolie naissante : on dirait exactement Roger Gilbert-Lecomte au même âge : c’est frappant. Que Bud, comme Monk ou Lester, ait été un de ces exemplaires et farouches grands seigneurs ambitieux et conscient de leur génie que la société – par bêtise et ignorance – s’est ingéniée à briser, ça ne fait aucun doute... Bud Powell est un personnage tout à fait fascinant et autant je suis Francis dans son idolâtrie maladive, autant je m’étonne qu’il lui en reste encore pour un musicien aussi franchement inférieur que Bill Evans. Quand on a été dans l’intimité d’un astre tel que Bud, je ne comprends pas que Bill Evans ait sa place au soleil de cette ombre. Bill est un grand pianiste. Bud est un orage de granit. » (Nabe’s Dream, 1991, pp. 500-501)
  •  « Bud regarde l’Oiseau avec un beau sourire à claques. Parker reprend tout à zéro. Il rajoute une intro pour laisser le temps à Bud de se remettre dans le bon fauteuil. Mais rien n’y fait : Bud inexorable reredéroule Little Willie Leaps : il n’en démord pas, c’est le point fixe autour duquel il veut que la soirée ratée tourne. Mon père prend une photo. Blakey regarde la tête accablée et accablante de Bud Powell comme s’il s’agissait d’une voiture écrasée contre un platane.
Parker s’exaspère. Le temps se couvre. Kenny Dorham est descendu de l’estrade. Dans la salle, on commence à enlever ses oreilles pour mieux écouter ce qui se passe. Parker se résigne à jouer Little Willie Leaps mais arrivé tant bien que mal au bout du thème, il comprend que tout chorus est impossible avec un pianiste qui se sert des barres de mesure pour jouer au mikado.
Avec un sourire encore plus éternel, Bud Powell répond aux insultes de Bird. Ça fuse en tirades superbes qu’à partir du deuxième rang on ne peut discerner. C’est ça le vrai chorus. Bud et Bird font des quatre-quatre d’injures sur Little Willie Leaps. Parker soudain passe dans un autre ton : il prend Bud Powell par la gentillesse, et lui murmure des pleurages, des supplications douces–agacées. On dirait la conversation secrète de rois déchus. Mon père prend une photo. Parker s’affale sur le piano, il se laisse insulter lentement par Bud. Ça souffle dedans par sanglants simouns. Les pommes d’Adam ravalent leurs larmes.
Bud Powell tourne le dos au clavier, les coudes appuyés sur les touches, plaquant un dernier accord en “mort-mineur”. Commence alors une longue épopée absente de son regard vers un point nul, un minuscule phosphène, un troisième œil au point mort. L’ombre de son beau crâne mal rasé se dessine sur un fond de sunlight en sang et sa moustache s’étire sur une espèce d’échancrure marmoréenne qu’on ne peut plus appeler “sourire”. » (« Birdland », Zigzags, 1986, p. 137)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Bud Powell sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références